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 Handicap : Cas d’école à Condorcet...

 

Depuis la rentrée, les collègues et les familles de l’école Condorcet se battent pour obtenir des enseignant·e·s formé·e·s à la Langue des Signes Françaises. 33 enfants se retrouvent sans enseignant·e et sont réparti·e·s dans des classes où les apprentissages leur sont inaccessibles. Il manquait deux enseignant·e·s à la rentrée. Il en manque toujours un·e aujourd’hui.

Les médias commencent (enfin) à s’intéresser à l’inclusion en milieu scolaire, peut être suite aux mobilisations impulsées par la CGT Educ’action ? Toujours est-il, le cas de l’école Condorcet a beaucoup fait écrire [1]. Et on peut que se réjouir qu’on associe enfin "handicap et Ecole", "mieux" encore, on parle d’élèves en situation de handicap mais aussi de personnels en situation de handicap. Cependant, nous aimerions apporter quelques précisions importantes à la situation de l’école Condorcet qui accueille des élèves sourds.

La LSF est reconnue depuis 2005 et tout élève concerné peut bénéficier d’un enseignement en langue des signes. Mais la loi n’est pas respectée et, pour les personnels sourds, l’institution ne semble pas vouloir mettre en place les aménagements pour une intégration dans le corps des enseignant·e·s titulaires.
Le manque de personnel compétent à l’école Condorcet est intolérable pour des élèves sourds qui se retrouvent dans des classes où aucune adaptation n’existe. Iels ne peuvent accéder aux apprentissages comme leurs autres camarades. Et la communication académique cache mal les réalités de terrain sur le sujet.
Le directeur académique évoquait face à des journalistes que les gens qui signent en France sont très rares, que c’est un secteur concurrentiel et qu’« ils coincent à recruter ».

Rappelons que les personnels compétents ont existé dans cette école : deux collègues contractuelles sourdes y ont exercé durant plusieurs années. L’inspection académique ne leur a apporté aucun appui dans un processus de titularisation. La CGT Educ’action a accompagné et soutenu ces collègues dans leurs légitimes revendications mais l’inspection n’a eu de cesse de répéter que cela mettrait à mal le cadre réglementaire et que c’était impossible ! Dans d’autres académies pourtant, les personnes sourdes sont soutenues et accompagnées dans leur demande : il leur est proposé des formations spécifiques et accessibles donnant accès à une titularisation.
Nos collègues sont entrées dans le métier en 2009 en tant qu’AESH. Elles ont multiplié les contrats, ont réclamé des formations accessibles, ont demandé à être bénéficiaire de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (BOE) qui a été refusé deux fois sans passage en commission, n’ont été inspecté qu’une seule fois, n’ont obtenu qu’une maigre revalorisation salariale en février 2022, certes rétroactive. Les refus réguliers, le manque de moyens pédagogiques, les effectifs trop importants dans ces classes et le refus systématique d’envisager une titularisation ont fini par user physiquement et moralement nos camarades qui ont arrêté d’enseigner malgré leur passion pour ce métier. Rappelons, par exemple, que c’était à elles de chercher et réserver des traducteurs/trices lors des formations « obligatoires » pour les enseignant·e·s !

C’est donc la stratégie rectorale de ne pas pérenniser ces personnels en particulier, et ses personnels en général, (AESH, AEd, professeur·e·s ou administratif·ve·s contractuel·le·s notamment) en plus de sa mauvaise gestion (trop souvent inhumaine) qui est à l’origine de cette situation calamiteuse.

Cette situation illustre parfaitement la réalité que cache notre hiérarchie derrière de grandes déclarations creuses : le handicap en général et la surdité en particulier ici ne sont pas des sujets d’importance, que ce soit vis-à-vis des personnels ou des élèves concernée·e·s. L’aménagement des conditions de travail, de formation et de titularisation sont des obligations légales pour notre employeur qui ne semble pas les respecter.

A l’école Condorcet, c’est toute la communauté éducative qui lutte pour obtenir des moyens. La CGT Educ’action apporte son soutien aux collègues et aux élèves concerné·e·s ainsi qu’à leur famille pour la simple application de la loi et la réelle prise en compte des situations de handicap dans l’Éducation Nationale.

Communiqué de Presse
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