Annonces Attal : l’intensification de la bataille idéologique
Le ministre de l’éducation, Gabriel Attal, lors de son discours sur le parvis de la Bibliothèque nationale de France, à Paris, le 5 octobre 2023. ©THOMAS SAMSON / AFP
Lors de la journée internationale des enseignant·es le 5 octobre dernier, le ministre Attal a présenté son
« choc des savoirs » visant à « engager une bataille pour le niveau » de l’École.
La CGT Éduc’action dénonce à la fois le fond et la forme de ce nouveau « chantier ». Elle considère que c’est
une accélération de la politique gouvernementale de démantèlement de l’Éducation nationale et la réaffir-
mation de la politique menée depuis 2017 et l’arrivée de JM Blanquer.
Sur la forme, en annonçant ces mesures sans aucune concertation avec les syndicats (un seul et bref
échange lors d’un week-end…) et en engageant un vaste sondage auprès des personnels, il est clair que le
ministre souhaite contourner le dialogue social (qu’il vante pourtant…) et délégitimer la représentativité syn-
dicale. Nous dénonçons également le calendrier retenu qui indique clairement que le travail est d’ores et
déjà mené par le ministère et que les décisions sont prises.
Sur le fond, la CGT Éduc’action ne partage ni le constat du ministre ni les solutions proposées et encore
moins sa vision de l’École. Ses choix de comparaison (« être enseignant ce n’est pas un choix de carrière,
c’est un choix de vie »), ses propositions pour le recrutement (retour des écoles normales après le bac),
l’éternel recentrage des apprentissages sur les seules matières « fondamentales » (avec aussi la suppression
des cycles) ressemblent davantage à l’École du début XXème siècle qu’à celle du XXIème siècle…
Pour notre organisation, si de telles mesures devaient être imposées à notre institution et aux personnels,
elles entraineraient un profond déclassement des enseignant·es avec la perte d’une grande partie de leur
professionnalité. Plus besoin de formation (initiale et continue) pour appliquer des directives et des mé-
thodes officielles descendantes… Cela aurait donc obligatoirement une répercussion sur le niveau de qualifi-
cation et les rémunérations des personnels.
La CGT Éduc’action dénonce aussi la nouvelle mainmise du Conseil Scientifique Blanquer aux mains des neu-
roscientistes dont les méthodes ont montré leur faillite lors des dernières évaluations internationales. Elle
dénonce aussi la place centrale des préconisations libérales de la Cour des Comptes et de l’Institut Mon-
taigne. Elle dénonce un plan d’action trompeur visant soi-disant à combattre les inégalités alors que le bud-
get 2024 va bel et bien les accroitre (suppression de plus de 2000 postes, baisse des recrutements, baisse
des bourses et du fonds social, prime à l’enseignement privé…).
La CGT Éduc’action s’opposera à ce projet politique pour l’École qui cassera le Collègue unique (introduction
des classes de niveau), mais aussi les statuts de la Fonction publique tout en caporalisant les personnels et
leur liberté pédagogique. Pour notre organisation, il y a urgence à porter notre projet de société et d’École
émancipatrice débarrassée des inégalités et du tri social.
Montreuil, le 9 octobre 2023