Communiqué de presse CGT Educ’69 : Quand l’école inclusive et ses personnels sont piétinés dans un établissement de Rillieux-la-Pape
L’école inclusive reste visiblement une expression vide de sens dans certains établissements de l’académie de Lyon. La CGT Educ’69 souhaite informer de la situation vécue par les personnels dédiés aux élèves handicapéEs tout au long de l’année au sein d’une école de Rillieux.
Dès la rentrée de septembre, nous avons été alertés par l’équipe AESH de cette école sur le non-respect de leurs missions (surveillance d’espace collectif sous prétexte de travaux, montées et descentes des classe de la cour). Nous avons sollicité l’inspectrice de circonscription pour signaler ces dysfonctionnements et rappeler que les missions des AESH étaient encadrées par des documents officiels. Lorsque les AESH ont rappelé leurs missions, elles ont été ostracisées par l’équipe pédagogique de l’école et il leur a été signifié qu’une grille de sanction serait mise en place à l’initiative du rectorat. Il leur a aussi été signifié que les demandes d’autorisation exceptionnelle d’absence leur seraient désormais refusées, décision punitive inacceptable.
Dans ce contexte, l’année scolaire s’est déroulée dans un climat infernal pour les personnels de l’école :
– plus de 70 fiches RSST ont été remplies par les personnels de cette école pour signaler des dysfonctionnements graves remettant en question la santé et la sécurité des personnels de l’école. Certaines fiches sont restées sans réponse et d’autres ont reçu des réponses qui n’ont jamais été appliquées ou qui ont été apportées par un autre personnel que l’IEN, cheffe de service qui en a l’obligation légale.
– il y a eu cette année 10 accidents du travail dans cette école et les personnes victimes sur leurs lieux de travail d’incidents graves ont cumulé plus de 200 jours d’interruption temporaire de travail.
Les AESH de cette école de Rillieux-la-Pape ont été toute l’année en souffrance au travail, subissant au quotidien une forme de rancœur, visées par des injonctions punitives et un mode de communication inadapté (injonctions orales, consignes données dans les couloirs, …). Les AESH de cette école désiraient exercer dans de bonnes conditions, et n’ont à aucun moment souhaité un quelconque conflit. Certaines AESH ne sont aujourd’hui pas en état physique et psychologique de reprendre leur travail dans ce contexte.
Pour rappel, l’employeur public est garant de la santé, du bien-être et de la sécurité au travail de ses agents. Le décret n°82-453 du 28 mai 1982 fixe les modalités d’application de cette disposition.
L’accueil d’un élève en situation de handicap a posé des difficultés à l’équipe pédagogique de cette école. Des visites de conseiller·es pédagogiques ont été programmées pour venir en soutien des collègues AESH et de la coordonnatrice ULIS mais rien n’a été mis en place pour rappeler le cadre et les obligations de chacun et chacune en terme d’école inclusive. Malgré ces visites, des AESH ont continué d’être laissées seules avec un élève. Celui-ci n’a jamais eu droit d’entrer en classe ordinaire ni d’avoir accès à aucun contenu d’apprentissage adapté quand l’enseignante spécialisé du dispositif ULIS était en accident du travail. D’ailleurs cette enseignante spécialisée a été convoquée au rectorat durant son arrêt de travail (suite à accident du travail) pour l’interroger sur sa posture au sein de cette école. Visiblement, seuls les personnels dédiés aux élèves en situation de handicap sont remis en question...
Cet élève est resté seul avec les AESH toute l’année. Celles-ci ont subi de sa part des violences auxquelles elles ont su ne pas répondre. Ce qui n’a pas été le cas d’un personnel de l’école qui a giflé cet enfant devant deux AESH au début du mois de mai. A ce jour, nous ne savons toujours pas quelles mesures de protection et/ou conservatoires ont été mises en place : l’élève et le personnel sont toujours présents dans l’école à notre connaissance. Ce sont les AESH qui ont souhaité signaler ces violences auprès l’inspectrice de la circonscription de Rillieux. Lorsqu’elles l’ont fait, elles ont été remerciées pour leur professionnalisme par l’inspectrice. Mais les conséquences dans l’école ont été désastreuses : les conditions de travail des AESH se sont considérablement dégradées, sans que l’IEN n’intervienne et ne fasse changer les choses.
Le 23 juin dernier, 3 AESH de l’école ont reçu un mél les informant qu’elles seraient changées d’école à la rentrée alors que ce n’était pas leur souhait. Il s’agit d’AESH qui ont agi avec professionnalisme malgré le contexte de travail délétère et violent. Si cette décision est justifiée par l’inspectrice de circonscription comme une nécessité de service, la CGT Educ’action 69 n’est pas dupe : seules ces trois AESH sont déplacées pour le moment et il est très rare que les déplacements soient annoncés si tôt. Nous précisons que, contrairement à ce qui est préconisé, aucun entretien préalable au déplacement n’a été réalisé auprès de nos collègues AESH toujours en arrêt de travail, ni aucune prise en compte de leur état psychique et physique.Si nos collègues pouvaient tout à fait entendre la nécessité d’une enquête administrative et de déplacements pour essayer de retrouver la sérénité dans cette école, la manière de faire fait clairement d’elles des fusibles et semble s’inscrire dans une tradition institutionnelle qui devrait disparaitre : le « Pas de vague ». Il y a un problème à dans cette école, comme plus généralement au sein de l’institution : les actes ne suivent pas les belles paroles sur l’inclusion, dégradent les conditions de travail et découragent les personnels les plus investi·es dans l’inclusion des élèves en situation de handicap.
Lyon le 7 juillet 2025
